un essai documentaire de Sophie Bruneau avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie Bruxelles, du Centre National de la Cinématographie en coproduction avec Les Films du Nord, Pictanovo et la RTBF.
C’est l’histoire d’un objet-outil universel et familier: le fil de fer barbelé.
Elle remonte aux premiers colons, à l’esprit de Conquête et à la chasse au sauvage. Elle s’ancre dans l’espace-temps de l’Ouest américain. C’est l’histoire d’une invention géniale et diabolique née de la rencontre d’un moulin à café et d’une meule à aiguiser. Un petit outil agricole qui bascule en histoire politique et s’emballe avec le train du capitalisme. Au milieu de paysages qui s’habillent d'Histoire. C’est l’histoire de l’évolution des techniques de surveillance et de contrôle. L’inversion d’un rapport. Comme un jeu de saute-mouton entre l’Homme, l’animal et une clôture… Comment croire que ce bout de fil de fer barbelé, a priori banal, pouvait en dire autant sur nos façons de penser, de vivre et d’être au monde?
"Le fil de fer barbelé est réellement efficace dans les conditions extrêmes de l’Ouest. Contrairement au fil nu, il résiste à la chaleur, la torsion évitant le relâchement sous l’effet de la dilatation, et il est beaucoup plus difficile à déformer ou à casser. Les barbes solidement fixées se révèlent parfaitement efficaces pour dissuader les bêtes de forcer les clôtures, sans les blesser. On peut également évoquer sa légèreté comme article de transport et de construction ; son applicabilité universelle, ne cessant de se diversifier ; sa facilité d’installation ; sa durabilité, une fois en place ; et son adaptabilité pour toutes sortes d’usages."
(Adam Jones, 11e rapport annuel du Ministère de l’Agriculture pour l’année 1881, New Hampshire, 1882)